La transmission a tenu le coup, fin du suspense. Nous campons deux jours à Bass Lake, un peu plus au sud du parc deYosemite car même avec trois mois de tentative de réservation à l’avance, nous avions de la place que pour les trois derniers jours dans le parc. Ce n’est pas grave, parce que nous visitons les sites au sud pour les deux premières journées et c’est magnifique. Nous faisons plaisir à Raphaël qui capote sur les tours de train pour découvrir la forêt de Mariposa grove qui regorge d’arbre les plus impressionnant les uns que les autres. On est surpris par le nombre élevé de touristes français. Ils sont tellement faciles à démasquer, ils n’arrêtent pas de chialer
La route vers Glacier Point est vraiment belle et le point de vue sur la Vallée nous fait presque oublié les ardes de touriste (4 millions par année). C’est ici que nous l’apercevons pour la première fois, El Capitan, l’eldorado des grimpeurs. On comprend maintenant pourquoi tu rêves de venir ici Mike, tu capoterais ! Il y a aussi le Half Dome, parfaitement rond et les Yosemite Falls, les plus hautes d’Amérique du Nord.
Nous passons ensuite nos trois autres nuits à Crane Flat, un camping dans l’ouest du parc pour explorer les sites les plus populaires. La chaleur est accablante pour les randonnées avec les enfants. Nous en faisons tout de même quelques-unes : les Vernalls Falls, Inspiration Point et Bridalveil Fall.
Nous ne pouvons passer sous silence notre expérience de camping à Crane Flat qui explique pourquoi ce n’est pas ici qu’on s’est reposé… Tout d’abord, on arrive à la cabine d’enregistrement du camping où on nous fait signer un document des règlements à suivre. Entre autre, on doit en tout temps rester à un mètre de notre nourriture et de tout ce qui sens (bière, vin, baby wipe, dentifrice, déo, crèmes diverses, etc.). Rien dans le char, tout doit être dans le bear box barré même si on est à côté. L’amende est salée : 5000$. Ça niaise pas icitte ! Coudonc, faut-tu dormir dans le bear box avec ça ? Même Nancy les trouve un peu paranos… On s’installe sur notre site en tentant de respecter ses règles à la lettre. On soupe et fait nos sandwichs du lendemain, la glacière est sur le bear box à moins d’un mètre de Frédo
C’est là qu’elle arrive, une ranger du parc. Salut, est-ce que c’est une glacière ? euhhh oui. Je veux que tu la ranges dans le bears box. OK. Elle reste et dit : maintenant. On coopère prestement… Tes sandwichs sur la table… Oui… Tu dois être à une longueur de bras. On évite l’amende de près, c’est partie pour un premier (et dernier) avertissement. Cibouleau ! Ensuite, elle nous explique que comme nous avons de jeune enfant et que leurs couches souillées ou non peuvent sentir, nous ne devons pas les laisser seuls dans la tente la nuit comme le jour. Au coucher, ils doivent être entre les parents. Elle ajoute que les ours mangent tous les jours dans le pré juste en arrière de notre tente qui est la première sur le bord du bois. Ça c’est rassurant ! Elle ajoute même que les rangers tentent de faire peur au ours la nuit en lançant des balles en plastique. Bref, plus elle parlait, plus la discussion nous semblait surréaliste et plus Nancy était sur le bord de la panique. Non mais, c’est malade icitte. Bref, on range tout, met des vêtements propres, mais pas trop, faut pas que ça sente le détergent. On va flusher l’eau de vaisselle dans le réservoir prévu à cet fin, on se frotte la peau de crème solaire parce qu’il n’y a pas de douche. En tous cas, tout une logistique, c’est juste pas reposant le camping. On cale notre bouteille de vin pour se détendre et on se couche vers 20h30, avec les enfants, bien naïfs de la nuit mouvementée qui nous attend.
À 21h30 on dort jusqu’à 22h30 environ. On entend les ranger passé à un mètre de notre tente avec des lampes de poche. Merde, Raphaël a fait un méga pipi. Nancy prend son courage à deux mains et sort chercher le sac. Il y a plein de bruits bizarres ; je focus sur le changement de couche. Ça y est, c’est fait, je reviens à la tente malgré mon envie pressante. Je me dis que je serai capable de me retenir. 23h30, les ranger quittent notre endroit. Minuit, le stress fait que j’ai encore plus envie, il faut que j’y aille. Je croise un français mort de trouille, il entend des ours en haut partout. Bon, je me dépêche. Effectivement, toute la nuit est ponctuée d’énormes bing et bang d’ours qui frappent partout sur les bear box pour tenter de les ouvrir. Mais le plus effrayant, ce sont les coups de griffes qui donnent encore plus la frousse. Impossible de dormir pour Nancy. Les rangers passent en pick-up pour leur faire peur, mais ils reviennent sans arrêt. Bref, ce petit scénario s’est poursuivi tout le long de notre séjour à Crane Flat.
En quittant le parc, on n’en revient pas de ne pas avoir vu d’ours. Et si ce n’était que des ratons ? Non, impossible. Nous passons par l’infranchissable Tioga Pass, partie un peu plus tranquille au nord. Les paysages sont tellement beaux, on se dit que c’est ici que nous reviendrons. Court arrêt à Bishop avant la Vallée de la mort.